La course mythique ! 28 km/1910 mètres D+ Etape de coupe du monde de Skyrunning 2019.
Avec un brin d'inconscience ,et beaucoup de volonté ,je me lancais dans le grand bain de la difficulté, avec cette skyrace, j'ai beaucoup apprécié ce nouveau format, parce que l'effort est un peu plus long que ce que je fais d’habitude, et qu'il se rapproche davantage de ma discipline d'hiver. Le cardio monte et ne s'arrête plus, les jambes grimpent, sans cesse, les paysages, les arêtes, les sommets enneigées, les passages trappeurs sont à coupe le souffle ! voilà le genre de défi qui me plaît. Courir entre les cimes à près de 2500m d'altitude, dans le froid, la neige avec des conditions hivernales, c'est quelque chose qui ne m'effraie pas, je suis habituée à ça, aux contraintes du territoire montagnard, pour cause c'est mon terrain de jeu de prédilection. En prenant le départ je savais à quoi m'attendre une fois que l'altitude allait se faire sentir ! Malgré tout sur la ligne j'étais très tendue, j'appréhendais un peu, est-ce que je me lance pas trop dans l'inconnu ? parce que je ne savais pas du tout, comment gérer ce genre de course,l'effort étant au dessus de 3H, ce qui est plus long que dans mes routines d'entraînement, mais je m'étais dit que lorsque le dénivelé positif deviendrait plus important , nous serions tous ,obligés de marcher, ralentir, caler son rythme, passer en mode économie d'énergie pour pouvoir relancer après. Étant un peu ballonnée au départ, cela ne m'a pas pour autant gêné, jusqu'à ce que les douleurs s'intensifient ,et que je finisse par comprendre que j'avais chopé une bonne gastro..( Je pensais que c'était lié avec ce que j'avais mangé la veille, puis après concertation avec mon père , lui aussi ayant été malade, j'ai vite compris que le problème ,ne venait pas de ma préparation ,mais d'un méchant virus, décuplé par l'effort intense) Mais les ennuis se sont déclenchés uniquement, lorsque j'ai attaqué les 8 kms de descentes finales, auparavant , je ne souffrais ,que de légers troubles ,de petites douleurs supportables mais handicapantes. Les premiers kilomètres, je me sentais plutôt à l'aise, car avec 400 coureurs sur la ligne, le départ c'est fait beaucoup plus progressivement ,que sur les autres formats de courses, que j'avais pu expérimenter , c'est seulement au fil des premiers kilomètres ,que la cadence s'est accélérée . Pour essayer d'être bien placée, je me suis tout de suite engagée, à doubler quelques coureurs, afin de pouvoir conserver mon propre rythme ,sans être gênée ,dans les sentiers boisés. Je ne voulais pas non plus glisser, car le sol était très boueux, j'ai créer de la distance ,en m’intercalant, dans un petit groupe, de deux ou trois personnes. En relais, nous sommes parvenus à nous suivre, jusqu'au premier ravitaillement, c'était plus rassurant pour moi, d'être en compagnie de concurrents plus expérimentées. (merci la Sportiva, car je venais tout juste de recevoir, mes nouvelles chaussures, les mutant Woman, de la bombe, pas une glissade et un confort exceptionnel presque comme dans mes pantoufles!) Ensuite le terrain commençait à changer de configuration, le dénivelé augmentait, la pente et son pourcentage aussi, l'étage de la forêt laissait place aux pierriers dégagés , puis aux sentiers de montagne très escarpés ,façonnés en partie par les troupeaux. J'ai beaucoup aimé cette partie à environ 10 km de course où nous commencions tous à grimper, mains sur nos bâtons, ou sur nos jambes, pour nous économiser, et repartir en courant, quand le terrain le permettait. C'était un effort intense, car la pente était raide, cela ressemblait beaucoup à un kilomètre vertical, je savais à quoi m'attendre et comment le gérer techniquement . Les premières neiges que nous rencontrions, nous annonçaient déjà, que nous étions en train de gravir, la plus grande difficulté du parcours, les choses allaient se compliquer dès maintenant, là j'ai pris une bonne gorgée de boisson Endur'Activ qui m'a redonnée un peu d'énergie, car il fallait constamment restée vigilante , entre accélération, équilibre, gestion de l'effort et surtout prudence ! Voilà une nouvelle facette de la discipline de la Skyrace, la concentration ultime, pour ne pas tomber à des endroits critiques, pour ne pas dire fatals ! Et ce fut également, pour moi ,la partie la plus ludique de la course , celle qui marque la différence avec le trail : les passages sur les rochers, entre arêtes, cimes, parois, mains courantes, technique de cordes, descentes de couloirs enneigées, remontées en adhérence et agilité . J'ai vraiment adoré et je me suis même amusée à glisser à la descente, en me rendant compte ,que j'allais encore plus vite sur les fesses, que sur mes jambes (c'est dire mon niveau technique en descente) puis comme j'étais plus couverte que les autres (et oui vaste dilemme avant le départ pantalon ou pas ?) grâce à ma tenue Uglow, la neige ne me brûlait même pas, j'étais au sec , bien au chaud, car l'eau ne pénétrait pas la membrane du pantalon , et sa légèreté m'assurait un confort incomparable ! J'ai d'ailleurs eu beaucoup de peines compatissantes, pour ces traileurs de l'extrême, en short par -10° ,à 2500m d’altitude, qui évoluaient dans 30 cm de neige un peu comme des crabes ! les cuisses rougies par le froid et les frottements ! bon à chacun ses idées, son confort ,ses envies. Moi j'étais au sec et ravie tant pis pour eux ! Ensuite nous progressions de longues minutes, sur la neige ,avant d'atteindre ,quelques parties de relance, et de nous diriger vers le sommet du Mont Tabor, qui était méconnaissable, avec le brouillard et la visibilité quasi-nulle. Bref je fus satisfaite déjà d'être arrivée la, à environs mi-course. Le reste fut plus roulant, avec uniquement des parties enneigées ,des descentes hors des rochers. J'ai même réussi à courir plus vite que d'habitude, en glissant d'un pieds sur l'autre ,dans la neige, jusqu'à ce que je parvienne ,à rattraper deux trois garçons, (et oui ça m'arrive de doubler à la descente,de plus en plus d'ailleurs) et là j'étais très satisfaite!!! Puis dès que l'on a récupéré la terre ferme, au bout du 19 km je commençais ,à avoir de très mauvaises sensations, hormis mes maux de ventre qui s'intensifiaient, je me suis mise à être très contractée, ce qui n'a pas aidé, mes problèmes digestifs ,qui se sont transformés en une vraie partie de non plaisir Chaque mouvement de terrain mal amorti , me faisait l'effet d'un coup de poing ,dans le bidon ,je vous passe les détails de mes météorismes (heureusement que j'étais seule à dans cette partie de la course ou pas..) bref je serrais les dents, pour ne pas dire qu'elles grinçaient très fort ! le reste de mon périple, fut dans la même lignée ,de peine et de douleur ,voir même pire, puisque je ne faisais que de compter les km ,qu'il me fallait encore tenir, avant de me ruer , tel une sprinteuse dans les premiers toilettes accessibles. A ce stade de la course, je me pose la question suivante : est-ce que je m'arrête oui ou non ? déjà pas mal de concurrents ,hommes et femmes, m'avaient doublées, je perdais toute l'avance que j'avais gagné à la montée, j'étais frustrée, rageuse et en colère après mon ventre ,mais je n'avais pas le choix, il fallait au moins que je vide un peu ma vessie, si je voulais pouvoir continuer d'avancer ! donc pause pipi expresse, en essayant de prier tout les dieux ,pour que personne ne me voit, chose accomplie, ouf, je repars avec un brin de soulagement, pour encore 2km ,où je me suis sentie un peu mieux. j'ai terminé les 4 derniers km, en mode tortue ,étant mais carrément mal ,comme jamais auparavant, là j'ai compris que la fin serait beaucoup compliquée, que tout ce que j'avais déjà accomplie, mais par chance, j’apercevais à environs 2,5km de l'arrivée ma famille. j'explose en larmes, foudroyée par la douleur ,mais heureusement mes parents, qui avait compris de quoi il s'agissait ,trouvèrent les mots qui m'encourageaient à aller jusqu'au bout,.Ma mère me cria ,de ne pas lâcher ,que j'étais presque arrivée, que j'avais fait le plus dur et que je pouvais y arriver, même si elle se mit, limite à pleurer en me voyant très mal. Mon père se mit à courir à mes côtés : p"promis je reste avec toi jusqu'au bout" alors que je courais selon moi à l'allure d'un bigorneaux, mon papa soufflait et respirait très fort à côté, ce qui m'a redonné un peu de courage ( et m'as fait bien rire une fois le cauchemar terminé) j'en peux plus je vais vomir, je lui hurle ! et lui il me regardait avec ses yeux qui disait : ça fait 10 ans que je n'ai pas fait de course à pied , j'ai presque autant mal que toi ! j'étais morte intérieurement ,surtout que je voyais les places féminines me passaient sous le nez, mais bon j'ai traversé bien pire ,donc j'ai tenu tant bien que mal, et franchis la ligne d'arrivée, qui fut pour moi un mélange de joie, peine,soulagement, indéfinissable! satisfaite d'avoir tenu jusqu'à la fin ! (merci les parents,toujours présent dans les moments difficiles) Je termine la course en 3h39, 20éme femmes et 2éme espoirs fille. Avec le recul, j'ai adoré malgré tout cette course, peu importe si cela s'est mal terminé, c'était une expérience très intense et je pense que le Skyrunning est le genre de course qui me correspondent bien ! (un truc pour les dingues) je vais donc persévérer, et certainement me préparer à d'autres échéances, aussi dures, intenses mais splendides ! Je remercie chaleureusement l'organisation et l'ensemble des bénévoles,qui ont œuvré pour nous permettre malgré la météo difficile ,de disputer cette course, dans les meilleures conditions possibles ,sans modifier le parcours, mais en sécurité. Un grand coup de chapeau à tous les bénévoles, présents sur le parcours, qui ont subit de plein fouet ,les intempéries ,et qui ont continué, à nous encourager et nous soutenir avec leurs paroles réconfortantes, et beaucoup de bienveillance.